Les Misérables de Victor Hugo

La jeune Fantine, ne parvenant pas à élever sa fille Cosette, décide de la confier à des aubergistes : les Thénardiers. La petite Cosette sera malheureusement bien maltraitée…Jean Valjean, ancien bagnard, croisera sa route et la sauvera des griffes cupides des Thénardiers. Il s’en occupera comme sa fille, fuyant inlassablement le terrible Javert à ses trousses… Cosette grandira, rencontrera Marius qu’elle épousera, laissant derrière elle son vieux père adoptif ayant accompli sa mission… Voici l’intrigue générale de cette oeuvre fameuse…mais bien d’autres péripéties enrichissent cette histoire.

« Les Misérables » ! J’ai décidé d’attaquer à nouveau ce monstre de la littérature… J’ai choisi cette édition abrégée pour des raisons professionnelles (édition collège assez bien faite avec des questionnaires plutôt fournis et intéressants…) Ce fut donc une relecture, une redécouverte fort agréable. En effet, le style Hugolien très soigné et détaillé pourrait sembler lourd mais pas du tout : la lecture est d’une grande fluidité. Chaque mot est juste et mesuré.

L’intrigue est bien sûr prenante, notamment le fil conducteur de la relation entre Jean Valjean et la petite Cosette sauvée des Thénardiers ainsi que le tragique destin de Fantine. L’édition s’attache un peu moins à Marius et à Gavroche…mais à part l’épisode des barricades, il est vrai que cette partie m’interpelle moins.

Enfin, le réalisme de la narration permet une bonne peinture de la société de l’époque et des caractères humains. De plus, le narrateur extérieur reste très présent et fait de nombreux commentaires quant à ce qu’il raconte. Par celui-ci Hugo s’exprime à propos de ses personnages et surtout sur la condition sociale et politique qu’il décrit.

Une redécouverte qui me fut donc très agréable.

Petit extrait :

« Elle fit une douzaine de pas, mais le seau était plein, il était lourd, elle fut forcée de le reposer à terre. Elle respira un instant, puis elle enleva l’anse de nouveau, et se remit à marcher, cette fois un peu plus longtemps. Mais il fallut s’arrêter encore. Après quelques secondes de repos, elle repartit. Elle marchait penchée en avant, la tête baissée, comme une vieille ; le poids du seau tendait et roidissait ses bras maigres ; l’anse de fer achevait d’engourdir et de geler ses petites mains mouillées ; de temps en temps elle était forcée de s’arrêter, et chaque fois qu’elle s’arrêtait l’eau froide qui débordait du seau tombait sur ses jambes nues. Cela se passait au fond d’un bois, la nuit, en hiver, loin de tout regard humain ; c’était un enfant de huit ans. il n’y avait que Dieu en ce moment qui voyait cette chose triste. […] Elle soufflait avec une sorte de râlement douloureux ; des sanglots lui serraient la gorge, mais ele n’osait pas pleurer, tant elle avait peur de la Thénardier, même loin. C’était son habitude de se figurer toujours que la Thénardier était là. […] Cette angoisse se mêlait à son épouvante d’être seule dans le bois de la nuit. Elle était harassée de fatigue et n’était pas encore sortie de la forêt. Parvenue près d’un vieux châtaignier qu’elle connaissait, elle fit une dernière halte plus longue que les aures pour se bien reposer, puis elle rassembla toutes ses forces, reprit le seau et se remit à marcher courageusement. Cependant le pauvre petit être désespéré ne put s’empêcher de s’écrier : Ô mon Dieu ! mon Dieu ! En ce moment, elle sentit tout à coup que le seau ne pesait plus rien. Une main, qui lui parut énorme, venait de saisir l’anse et la soulevait vigoureusement. Elle leva la tête. Une grande forme noire, droite et debout, marchait auprès d’elle, dans l’obscurité. C’était un homme qui était arrivé derrière elle et qu’elle n’avait pas entendu venir. Cet homme, sans dire un mot, avait empoigné l’anse du seau qu’elle portait. Il y a des instincts pour toutes les rencontres de la vie. L’enfant n’eut pas peur. »

Et voici le  film avec Jean Gabin…ma version préférée :

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