Un jour, Firmin, un petit rat, voit le jour dans les combles d’une librairie. Il se rend rapidement compte qu’il possède une intelligence différente de ses frères et sœurs, voire de sa mère. Alors que ceux-ci sont de banals rongeurs, lui, il comprend ce qui l’entoure, a conscience de sa présence dans le monde. Grignotant alors les pages de livres abandonnés, il réalise également qu’il sait lire ! Il « avale » alors autant d’œuvres qu’il le peut. Firmin se met ensuite à vouer une grande admiration à Norman, le libraire… Mais le destin va surtout provoquer la rencontre entre Firmin et Jerry, un romancier marginal…
Tout commence donc avec le récit d’une petite famille de rongeurs dans un grenier… Le lecteur pourrait se croire dans le début d’un récit pour enfant. Mais le mode de l’autobiographie commence par dérouter quelque peu. Nous comprenons rapidement que Firmin n’est pas un rat comme les autres…et que son intelligence va nous porter plus loin qu’un simple conte pour enfant. Le regard d’abord innocent, celui-ci va ensuite s’aiguiser grâce aux lectures et son expérience. Un petit rat touchant, attachant et dont l’humanité nous fait oublier son état d’animal. Nous suivons ses traces et le destin de cette petite bête à laquelle nous n’aurions pas pensé nous attacher.
Un petit roman original et agréable à lire qui nous plonge dans l’histoire de Firmin, de la librairie et de Jerry.
Petit extrait :
« Un jour, j’ai donc décidé d’offrir un répit à ma famille et d’aller exercer mes talents de masticateur ailleurs. C’est par un dimanche matin que je me suis aventuré au-dehors pour la première fois. Le magasin était fermé, il n’y avait presque pas de circulation sur Scollay Square pour ajouter l’harmonie distante des moteurs de voitures aux ronflements de ma famille hébétée. Après m’être faufilé, le nez collé au sol, dans le passage qui menait de notre humble recoin à la pièce principale, je suis tombé sur le Grand Livre, ou ce qui en restait, ouvert sur le ciment. Je l’ai tout de suite reconnu à son odeur. […] J’ai levé les yeux vers les livres rangés sur l’étagère d’où Maman avait extirpé le nôtre et me suis aperçu que je pouvais déchiffrer sans difficulté leur titre. De toute évidence, je souffrais déjà, à cet âge tendre, du catastrophique don d’hypertrophie lexicale qui a tant fait depuis pour troubler le cours d’une vie qui, en d’autres circonctances, aurait pu être des plus ordinaires. […] Pour moi, c’est à cette période qu’a véritablemen commencé mon éducation, même si ce qui m’exhortait à quitter mon nid douillet pour affronter le vaste monde n’était pas encore la soif de connaissances. J’ai commencé par les étagères les plus faciles d’accès, celles situées sous le panneau FICTION. Parfois, j’entamais les livres par la tranche que je léchais, mordillais, savourais puis mangeais, mais la plupart du temps, si je parvenais à soulever la couverture, je les attaquais par le milieu comme à la perceuse. »