Epiphane Otos serait-il condamné par sa laideur à vivre exclu de la société des hommes et interdit d’amour ?
Devenu la star – paradoxale- d’une agence de top models, Epiphane sera tour à tour martyr et bourreau, ambassadeur de la monstruosité internationale…et amoureux de la divine Ethel, une jeune comédienne émue par sa hideur.
Je ne pouvais parler de Péplum sans évoquer le livre qui m’a fait découvrir Amélie Nothomb… Pour tout vous dire, je préfère ses fictions à ses romans autobiographiques (Le sabotage amoureux, Stupeur et tremblements…) même si certains d’entre eux intriguent par leur originalité, leur point de vue…mais je m’emballe et parlons d’Attentat… Attentat a été comme une bombe dans mon petit univers littéraire « poussiéreux » et universitaire de l’époque. C’est son anti-héros, Epiphane Otos, qui m’a fasciné.
En effet, il est apparenté à Quasimodo, emblême de la laideur. Amélie Nothomb revient sur ce qu’on appelle la « norme »… Il est vrai que l’On demande à Esmeralda de passer outre la laideur de son prétendant et de voir sa beauté intérieure, sa bonté… Mais Quasimodo ne se dévoue-t-il pas corps et âme à l’emblême de la beauté, avant même d’avoir rencontré sa belle Esmeralda ? et donc de connaître son âme ? L’histoire d’Attentat pose la question du regard de l’autre mais aussi de celui que l’on peut porter sur soi-même, tout cela autour de cette « norme » imposée par la société…
« La première fois que je me vis dans un mirroir, je ris : je ne croyais pas que c’était moi. A présent, quand je regarde mon reflet, je ris : je sais que c’est moi. Et tant de hideur a quelque chose de drôle. […] Mon visage ressemble à une oreille. Il est concave avec d’absurdes boursouflures de cartilages qui, dans les meilleurs des cas, correspondent à des zones où l’on attend un nez ou une arcade sourcilière, mais qui, le plus souvent, ne correspondent à aucun relief facial connu. »Cet exrtait de son portrait est certes peu attractif … mais la personnalité de cet Epiphane Otos et la façon dont la « norme » est détournée vous happent dans ce tourbillon narratif sans vous lâcher une seconde. La pitié ? Absente. Compassion parfois peut-être mais le lecteur se surprend surtout à revoir sa propre « norme »…Alors…Attentat à la norme ?