« La porte des Enfers » Laurent Gaudé

Naples. Un père voit mourir son enfant touché par une balle perdue. Il errera dans les rues, dans sa vie… Une mère désespérée ne pouvant se résoudre à surmonter cette épreuve… Aucune issue n’est possible…mais pendant une nuit d’errance, Matteo rencontrera d’étranges personnages qui lui laisseront entrevoir la possibilité de l’impossible… Commence alors la quête de la petite âme perdue, mais à quel prix ?

Ce livre tient en haleine du début jusqu’à la fin. L’histoire défile dans notre tête comme sur un écran. Les descriptions précises rendent l’écriture très visuelle, le récit, cinématographique, A quand le film ? Ce roman s’y prêterait en tous cas très bien. Des personnages étranges mais attachants. Puis, le lecteur plonge dans les remous d’une ville, des esprits, des âmes, des Enfers… Un va et vient entre une cruelle réalité et un impitoyable Au-Delà caché derrière une porte. Même si le lecteur n’affectionne pas le genre fantastique, il suivra tout de même le personnage dans sa quête.

Chapitre VII Le café de Garibaldo (septembre 1980)
« Il avait posé la question avec une franchise d’enfant, désireux d’apprendre quelque chose qui peut-être le soulagerait dans sa peine. « Je sais que la mort nous mange le coeur, répondit le profesore en fixant Matteo droit dans les yeux. Absolument. Je sais qu’elle se loge en nous et ne cesse de croître tout au long de notre vie. » Matteo eut l’impression que le profesore parlait de lui. Il secoua la tête comme un cheval fatigué. « Vous avez raison », dit-il. Tout lui revenait. La fatigue. Le poids du deuil. Il voulait se débarrasser de tout cela, ne serait-ce qu’un instant, comme on pose à terre un lourd manteau de souffrance. Alors, sans qu’il sache très bien pourquoi, il se mit à parler. D’une seule traite. Sans lever les yeux du sol. Les trois hommes, dans le café, firent un silence et personne ne l’interrompit. Il parla pour se vider de la lave qui lui brûlait l’âme. « J’aurais dû tuer un homme aujourd’hui », dit-il.  »

Chapitre XIV La porte des goules (novembre 1980)

« Des ombres fondaient sur eux. Certaines leur bourdonnaient aux oreilles comme des mouches carnivores, d’autres piquaient sur leur tête comme des oiseaux fous.[…] Elles essayaient de mordre, de griffer, tournoyaient sans cesse. Elles n’avaient aucun corps et ne pouvaient causer aucune blessure mais leur haine vibrionnante faisait naître une peur panique. »

Laurent Gaudé, un auteur que je découvre à travers ce livre. A suivre…

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