Contraint à l’immobilité par un accident de voiture, Auguste Brill, critique littéraire à la retraite, trouve refuge contre les inquiétudes du présent et le poids des souvenirs qui l’assaillent lors de ses innombrables insomnies en se racontant une nuit l’histoire d’un monde parallèle où le 11 Septembre n’aurait pas eu lieu et où l’Amérique ne serait pas en guerre contre l’Irak mais soumise à une impitoyable guerre civile. Suivra un touchant tête à tête nocturne avec sa petite-fille…
Un roman sombre, captivant et émouvant. Grâce à une écriture poétique, Paul Auster décline ici différentes émotions telles que l’angoisse, la peur, l’amour. Même si l’intrigue peut sembler décousue, le lecteur se laisse aller dans les pensées et les souvenirs d’Auguste. Il est donc difficile de parler d’un récit où les émotions dominent les personnages et l’histoire. Néanmoins, ce dernier roman m’a laissée un peu sur ma fin car j’étais restée sur de meilleurs souvenirs avec La cité de verre ou Le carnet rouge… Ce livre m’a plutôt donné envie de me replonger dans la Cité de verre et de poursuivre la trilogie New Yorkaise…
Voici deux extraits pour illustrer l’étrangeté et l’atmosphère obscure de Seul dans le noir :
« Seul dans le noir, je tourne et retourne le monde dans ma tête tout en m’efforçant de venir au bout d’une insomnie, une de plus, une nuit blanche de plus dans le grand désert américain. A l’étage ma fille et ma petite fille sont endormies, seules, elles aussi, chacune dans sa chambre. […] Lumière éclatante, et puis obscurité. Le soleil qui se déverse de tous les coins du ciel, suivi par les ténèbres de la nuit, les étoiles silencieuses, le murmure du vent dans les branches. »
« Je l’ai mis dans un trou. Ça me semblait un bon début, une façon prometteuse de mettre les choses en train. Mettre un homme endormi dans un trou et voir ce qu’il passe quand il se réveille et tente d’en sortir. »